Le numérique a impacté de manière radicale nos façons de vivre, de travailler et d’interagir. Au cœur de cette transformation se trouvent les applications mobiles, omniprésentes dans notre quotidien.
Cependant, derrière le service qu’elles nous apportent, ces app laissent une empreinte numérique et environnementale, souvent sous-estimée, affectant notre planète de diverses manières.
La question est donc : comment pouvons-nous développer des app tout en minimisant leur impact sur l’environnement ?
La réponse nous est donnée par l’écoconception. Il s’agit de mettre en œuvre de bonnes pratiques permettant de répondre aux exigences technologiques et d’usage, tout en préservant l’environnement.
- Une étude récente menée par l’ARCEP montre que l’application de principes d’écoconception, permettrait de diminuer la consommation de ressources de 15% et de stabiliser l’empreinte croissante du numérique à +5%.
- Si 79% de l’empreinte carbone du numérique provient de nos équipements (chiffre de l’ARCEP), l’impact de l’usage de nos app mobiles est évalué à environ 6% (chiffre de Greenspector) des émissions totales de CO2 du numérique (qui lui-même est responsable de 4 à 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre) ! Il s’agit donc d’un levier pertinent sur lequel agir.
Dans cet article, nous vous proposons de découvrir quelques bonnes pratiques d’écoconception à adopter dès maintenant en matière de dev et design d’app mobile.
Développement d’app mobile : bonnes pratiques d’écoconception
Pour limiter l’impact des app que nous développons, il est important d’avoir une approche globale incluant bien sûr l’optimisation du code, l’optimisation de l’utilisation des serveurs, le choix de la techno la plus écologique adaptée au projet…
En plus d’être bénéfique à la planète, ces pratiques ont pour avantage d’améliorer la performance de l’app, d’offrir une expérience plus fluide et de produire un code plus facile à maintenir :
1- Bien réfléchir l’architecture logicielle en amont : Bien conçue, elle permet en effet de rendre l’app plus facilement évolutive, maintenable et robuste ; ce qui la rend plus durable.
2- Optimiser le code pour optimiser la consommation d’énergie : on parle ici de green coding. Il s’agit par exemple de choisir lorsque c’est possible des langages moins énergivores (C, C++, Java…), d’optimiser les algorithmes, de supprimer les librairies inutiles, de réduire le code autant que possible et de supprimer le code redondant ou inutile, de limiter le nombre de requêtes réseau.
3- Optimiser la gestion de l’énergie en adoptant certaines pratiques telles que :
- optimiser l’utilisation du processeur en ajustant la fréquence et en évitant l’exécution continue de tâches en arrière-plan ;
- encourager la mise en veille des composants matériels inutilisés pour économiser l’énergie ;
- optimiser l’utilisation des composants hardware comme la puce GPS (ne pas constamment la solliciter) ou l’écran (éviter d’augmenter la luminosité).
4- Réduire la consommation de données : Mieux gérer la consommation de données mobiles est un point clé sur lequel travailler. Pour cela, on peut par exemple :
- Minimiser la consommation de ressources et le volume de données échangées.
- Utiliser des formats de données plus économes et des techniques de compression de données.
- Éviter le surdimensionnement des images, des fichiers et des bibliothèques pour réduire la charge de travail du processeur.
- Encourager le stockage local des données pour minimiser les besoins de transmission et réduire les temps d’accès.
5- Optimiser la gestion de la mémoire : cela procure le double avantage de réduire l’impact environnemental de l’app et de maximiser les performances de l’app. Par exemple,
- Libérer la mémoire inutilisée de manière opportune.
- Éviter les fuites de mémoire.
- Choisir des structures de données appropriées pour minimiser l’utilisation de la mémoire (par exemple, utiliser des tableaux au lieu de listes liées lorsque c’est possible).
- Éviter de déclarer des variables temporaires inutiles et les libérer dès qu’elles ne sont plus nécessaires.
- Utiliser des mécanismes de caches pour stocker temporairement des données fréquemment utilisées en mémoire.
6- Surveiller les performances :
En intégrant des outils d’analyse des performances, on est en mesure de surveiller des indicateurs clés tels que la consommation d’énergie ou l’utilisation du processeur. Et de repérer ainsi les goulots d’étranglement et les problèmes de performance.
7- Mise à jour et maintenance écoresponsable : les mises à jour logicielles ne sont pas toujours indispensables. Pour réduire leur impact sur l’environnement, on peut notamment :
- Proposer des mises à jour logicielles qui ne téléchargent que les composants nécessaires.
- Éviter les mises à jour fréquentes qui sont susceptibles d’entraîner une surconsommation de données et d’énergie.
- Assurer autant que possible la compatibilité avec les versions antérieures des systèmes d’exploitation et les anciens modèles de smartphones pour prolonger la durée de vie des matériels.
Design d’app mobile : bonnes pratiques d’écoconception
En intégrant de bonnes pratiques dans la conception d’applications mobiles, les designers jouent un rôle essentiel dans la création d’expériences utilisateur attrayantes tout en minimisant l’impact écologique de leur travail.
1- Interface utilisateur épurée et intuitive
Adopter un design minimaliste en éliminant les éléments superflus et en mettant en avant le contenu essentiel offre l’avantage de :
- Réduire la complexité de l’interface et favoriser une meilleure concentration de l’utilisateur, tout en minimisant la consommation d’énergie.
- Réduire la charge de traitement.
Il est donc recommandé d’éviter les fonctionnalités inutiles qui complexifient l’expérience utilisateur et alourdissent l’app.
De même, pour réduire la consommation d’énergie, on peut simplifier l’architecture de l’app, définir des parcours utilisateurs simples nécessitant un nombre réduit de clics et d’étapes pour accéder à l’information. Cela rend l’expérience utilisateur plus fluide et profite au référencement naturel.
Enfin, simplifier l’iconographie et les superpositions excessives d’éléments graphiques permet de limiter le nombre de ressources et la puissance de traitement nécessaire.
2- Optimisation des images : Les images impactent notamment le poids des pages, leur temps de chargement et la consommation de bande passante. Pour réduire cet impact, on peut par exemple :
- Utiliser des formats adaptés pour minimiser la taille des fichiers. La compression sans perte peut réduire la consommation de bande passante lors du chargement des images.
- Limiter l’utilisation d’animations complexes, carrousels, gifs… qui peuvent augmenter la consommation de la batterie.
- Masquer les images par défaut pour alléger l’app. On peut aussi permettre à l’utilisateur de les activer s’il le souhaite, comme sur ce site : https://lowtechlab.org/fr/actualites-blog
3- Gestion de l’éclairage et des notifications :
- Intégrer des options de luminosité réglable dans l’application permet aux utilisateurs d’ajuster l’éclairage en fonction de leur environnement. Cela contribue à réduire la consommation d’énergie de l’écran.
- On peut aussi concevoir des notifications qui attirent l’attention sans être intrusives. Les notifications fréquentes peuvent déclencher l’éclairage de l’écran, impactant la durée de vie de la batterie.
4- Encouragement à la mise en veille : Mettre en veille réduit la consommation électrique des équipements. Donc une bonne pratique consiste à intégrer des éléments de conception encourageant la mise en veille de l’application lorsque l’utilisateur n’est pas actif. Cela peut se faire au travers d’écrans d’attente ou d’invitations à mettre l’application en veille.
5- Éducation des utilisateurs : De même, on peut intégrer des conseils d’éco-responsabilité dans l’interface utilisateur pour sensibiliser à des pratiques qui permettent de réduire l’impact environnemental de l’application.
6- Accessibilité et inclusivité : Une application accessible est non seulement plus inclusive, mais aussi plus durable, car elle atteint un public plus large et reste pertinente plus longtemps.
En résumé,
En matière de conception de services numériques, la responsabilité est partagée entre les développeurs, les designers et les fabricants d’équipements mobiles. En travaillant ensemble, nous pouvons réduire l’impact du numérique sur l’empreinte carbone mondiale.
C’est dans la synergie entre innovation, performance et responsabilité environnementale que réside le véritable potentiel d’un futur numérique écoresponsable.
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