Les tâches s’accumulent dans votre backlog et cela ralentit vos sprints ? Des malentendus sur les exigences retardent les livraisons ? Ou bien faute d’un maintien organisé du backlog, la priorisation et la planification deviennent complexes ? Ou encore, le backlog n’est pas assez fourni pour occuper votre équipe ?
C’est ici qu’intervient le backlog refinement ! On l’appelle aussi « backlog grooming », ou encore, moins élégant, mais plus français : « Affinage de backlog produit ».
Pour mieux comprendre cette pratique (ou « cérémonie ») essentielle en méthodologie Agile, nous avons interrogé Sébastien, expert en développement mobile et chef de projet Agile chez Inflexsys.
Il nous explique en quoi consiste le backlog refinement, pourquoi il est crucial, et comment l’appliquer efficacement dans votre organisation.
Qu’est-ce que le backlog refinement ?
« Le backlog refinement est une cérémonie Agile Scrum qui permet de maintenir un backlog clair et pertinent.
Pour rappel, en agilité, l’unité de développement en termes de temps est le sprint.
En principe, un sprint dure 2 ou 3 semaines. Cette durée dépend en réalité des projets. En fonction de cela, on définit la vélocité de l’équipe comme sa capacité à traiter plus ou moins de tâches du backlog au cours du sprint.
Le product owner, l’équipe évaluent ce qu’ils vont pouvoir traiter dans ce laps de temps, de manière à avoir un sprint bien cadré : c’est-à-dire, contenant ni trop, ni trop peu de tâches.
Alors que les sprints se déroulent, de nouveaux éléments peuvent venir enrichir à tout moment le backlog global.
Le backlog refinement intervient alors en dehors du sprint. Il se différencie en cela d’autres cérémonies Agile telles que la revue de sprint, la planification de sprint, la revue ou la rétrospective.
Il s’agit d’une réunion au cours de laquelle le product owner et les membres de l’équipe passent en revue les éléments du backlog général.
L’objectif est de supprimer ce qui est obsolète, redéfinir les priorités, affiner les user stories, ajouter de nouveaux éléments et évaluer leur complexité. On « affine » ainsi la liste des tâches, évolutions, modifications, correctifs sur un projet donné.
Ce travail n’impacte pas le sprint en cours : les nouvelles tâches pourront arriver dans les sprints suivants. Cependant, si l’équipe n’est pas suffisamment occupée dans le sprint en cours, il est possible de lui allouer des tâches ajoutées dans le backlog général, lors du backlog refinement.
En d’autres termes, c’est un travail d’amélioration continue du backlog général, qui garantit que les tâches à venir sont claires, précises et prêtes à être développées. »
Pourquoi est-ce important de faire du backlog refinement ?
« Un backlog mal entretenu, c’est un sprint à risque.
Lorsqu’un backlog refinement est bien mené, l’équipe ressort en ayant tout éclairci : plus d’ambiguïtés, plus de doutes. Si des doutes persistent, le product owner devra retourner interroger le client pour obtenir toutes les précisions nécessaires.
On évite ainsi les allers-retours inutiles avec le product owner ou le client pour clarifier des points en plein sprint.
Le résultat : un développement plus fluide et efficace.
Ces principaux bénéfices sont :
- Le gain de temps, car il y a moins d’interruptions pendant le sprint.
- Une meilleure prévisibilité, en permettant une planification plus précise.
- Une réduction des risques, puisque cela favorise l’identification en amont des contraintes techniques.
- Une collaboration renforcée et une meilleure communication entre les équipes. »
Qui est responsable de l’entretien du backlog ?
« C’est le product owner : il est le garant du backlog.
C’est lui qui centralise les demandes (évolutions, correctifs…) venant du marketing, des utilisateurs ou encore du client.
Son rôle est de filtrer les demandes, puis de les trier, prioriser et structurer pour qu’elles puissent être développées efficacement.
Ces demandes font l’objet d’une user story, c’est-à-dire d’une tâche exprimée en langage utilisateur, ou d’une épopée (c’est-à-dire une grosse user story). »
Qui participe au backlog refinement ?
« Le backlog refinement est un travail collaboratif impliquant :
Le product owner
Il pilote la session, explique les demandes, ajuste les priorités.
Les développeurs
Ils évaluent la faisabilité et la complexité des tâches.
Les designers et les testeurs
Ils vérifient si les éléments sont bien définis et techniquement réalisables.
Dans certains cas, le client ou le marketing peuvent être impliqués pour clarifier des besoins spécifiques. »
Comment se déroule un backlog refinement ?
« Un backlog refinement suit généralement ces étapes :
- Lister les nouvelles demandes et analyser leur pertinence.
- Clarifier et reformuler les user stories si nécessaire.
- Estimer la charge de travail (via des techniques comme le Planning Poker).
- Vérifier la “Definition of Ready” (cf. le point 6, ci-dessous) : Les éléments du backlog doivent être suffisamment détaillés pour être intégrés dans un sprint.
👉 À noter : Les tâches de maintenance, de montée de version (SDK, OS, librairie…) et de dette technique ne sont pas traitées lors du backlog refinement. Elles sont gérées à part dans le backlog technique. »
Existe-t-il de bonnes pratiques ?
« Oui, tout à fait. Notamment, un élément ne devrait entrer dans un sprint que s’il respecte la ” Definition of Ready “.
Par exemple, si une tâche nécessite une API, mais que celle-ci n’est pas prête, elle ne devrait pas être intégrée au sprint. Sinon, les développeurs risquent d’être bloqués.
Voici quelques bonnes pratiques à mettre en place :
- Ne pas surcharger la session : Se concentrer sur les éléments prioritaires.
- S’assurer que toutes les informations sont disponibles : Maquettes, flux d’enchaînement, traitements d’erreurs, etc.
- Favoriser l’interaction : Encouragez les échanges entre les membres de l’équipe pour lever toutes les ambiguïtés.
Une erreur fréquente à éviter : attendre la dernière minute pour affiner le backlog ! Un backlog mal préparé impacte directement la qualité du sprint. »
Quand et à quelle fréquence faut-il le faire ? Quelle durée ?
« La fréquence dépend beaucoup des projets.
Chez l’un de nos grands clients par exemple (il s’agit d’un groupe bancaire), nous faisons au maximum un backlog refinement par sprint ; mais ce n’est pas systématique.
Si tout est clair, ce n’est pas nécessaire d’en organiser un. Cela dépend du rythme auquel le client demande des ajouts au backlog.
Chez ce client, le backlog refinement dure généralement entre 1 et 2 heures. Mais dans d’autres cas, cela peut prendre plusieurs heures.
C’est lié à la complexité des sujets à traiter. »
Un backlog bien affiné, c’est un sprint réussi !
Vous l’aurez compris, en mettant en place un backlog refinement régulier et structuré, vous optimisez la productivité de votre équipe, réduisez les risques et améliorez la qualité du développement.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Vous arrive-t-il d’organiser un backlog refinement ? Avez-vous des bonnes pratiques à partager ? Échangeons en commentaire !
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